Road-trip dans l’outback australien sur la terre des aborigènes

En décollant de l’aéroport international de Denpasar à Bali, nous laissons derrière nous nos peurs, nos angoisses et nos doutes sur notre capacité à reprendre le cours de notre long voyage. Nous sommes déterminés à tourner la page du tremblement de terre que nous avons vécu quelques jours plus tôt dans les îles Gili. Néanmoins, nous n’oublions pas les indonésiens qui eux vivent avec la menace constante de nouvelles répliques. Nous quittons ainsi la ceinture de feu du pacifique pour l’île-continent d’Australie !

À notre arrivée à Darwin, nous nous sentons tout de suite en harmonie avec ce pays. Après plus de six mois passés en Asie, il est bon de retrouver un peu de calme et de zénitude. Ici, nous retrouvons un cadre avec des règles et des lois à respecter. Tout n’est plus question à négociation ! 🙂 Nous sommes encore en hiver en Australie et pour ne pas trop bousculer nos organismes habitués à une forte chaleur, nous choisissons de traverser le centre rouge principalement désertique. Cette traversée du bush australien est l’itinéraire idéal pour les amoureux de la nature et des grands espaces. Le Territoire du Nord qui s’étend de Darwin à Alice Springs est également l’état le plus proche de la culture ancestrale australienne où vivent encore la majorité des aborigènes. Cet itinéraire va nous permettre de découvrir des sites exceptionnels tels que le Kakadu National Park, les gorges de Katherine, les hotsprings de Mataranka, le fameux pub Daly Waters ou encore Uluru (Ayers Rock).

Nous avons réalisé ce road trip en « campervan », le moyen le plus old-school de découvrir un pays en toute autonomie. Cette « maison-mobile » offre l’avantage d’être plus économique que les motels et garantie une liberté de mouvement exceptionnelle. Notre véhicule, un « Highball 3 berth » de la marque Britz, non certifié self-contained, était très bien équipé et d’un confort satisfaisant. Contrairement à ce que l’on peut lire, un 4×4 n’est pas vraiment indispensable pour découvrir cette région. Les principaux sites sont accessibles via une route goudronnée. Et la location de 4×4 est beaucoup plus onéreuse. Le seul véritable avantage de louer un 4×4 dans cette région est de pouvoir emprunter la Mereenie Loop qui permet de relier Alice Springs à Kings Canyon par une route de 330km dont 115km de piste (versus 470km par la route).

Nous allons vous présenter en détails notre itinéraire, les points d’intérêts, les temps de trajets et les lieux de repos de notre road-trip sur cette partie centrale de l’Australie.

Itinéraire

Nous sommes restés un seul jour et nous avons eu la chance d’y être pendant le festival d’arts de Darwin. Cet évènement honore les arts des différentes cultures australiennes et propose des productions théâtrales, concerts extérieurs et arts visuels de grande renommée. Un excellent moment de détente pour nous.

Nous avons passé 2 jours à l’intérieur du parc national de Kakadu mais vous pouvez y rester beaucoup plus longtemps. Ce parc, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981, est une immense réserve naturelle. Il englobe des marécages, des rivières et des escarpements en grès, et accueille près de 2 000 espèces végétales et animales (crocodiles marins, tortues, des milliers d’oiseaux, barramundis, serpents…). Sur les sites d’Ubirr, de Nourlangie et de Nanguluwur, nous avons pu observer des peintures rupestres aborigènes datant de l’époque préhistorique. Nous vous conseillons plusieurs marches au sein du parc pour découvrir ces œuvres, la faune et la flore de cette région :

Ubirr walk : la promenade longe plusieurs sites d’art aborigène et mène à un magnifique point de vue sur la plaine inondable de Nadab. Si vous avez de la chance, vous verrez vos premiers wallabies.

Bardedjilidji walk : une très belle randonnée qui longe l’alligator river, nous y avons vu un énorme crocodile gueule ouverte. Attention à votre sécurité !

Nourlangie walk : une jolie randonnée pour découvrir les peintures aborigènes

Nawurlandja lockout walk : c’est un endroit idéal pour admirer le coucher de soleil alors que les derniers rayons de lumière éclairent le rocher de Nourlangie.

Pour vous ravitailler en essence, vous n’aurez pas d’autre choix que la ville de Jabiru, une petite ville minière, la seule se trouvant à l’intérieur du parc. Il s’agit de mines d’uranium. Le parc national de Kakadu dispose de 10 % des réserves mondiales d’uranium.

Pour les plus explorateurs d’entre vous, la terre d’Arnhem, qui s’étend à l’est du parc national de Kakadu est accessible par une frontière intérieure au sein du pays. Elle est le domaine de nombreux aborigènes dont la plupart perpétuent leur vie traditionnelle. Si vous désirez visiter la terre d’Arnhem, vous devez obtenir un permis du Northern Land Council. Inquiets de l’impact écologique de la mine d’uranium, exploitée depuis 1980, les Aborigènes ont fait valoir leurs droits sur ces terres, dans le cadre de nouvelles lois leur accordant des titres de propriété. Ils ont négocié pour que cette région leur soit rendue et ont fait le choix d’en louer 20 000 km² pour la création d’un parc national qu’ils gèrent conjointement avec la direction des parcs nationaux.

Le parc national Nitmiluk abrite les gorges de la Katherine River et les cascades de la Edith River. Nous avons réalisé la « butterfly gorge walk », un superbe trek de 22 km.

Après un arrêt aux sources chaudes de Mataranka (température de l’eau : 30°C), nous avons bu une bière au Daly Waters Pub qui est décoré partout avec des billets de banque et des souvenirs laissés par des visiteurs de tous les coins du monde.

Les Devils Marbles sont d’énormes rochers de granit éparpillés dans une vaste vallée. Ils se trouvent sur les terres ancestrales des peuples aborigènes. Un grand nombre de ces énormes blocs arrondis tiennent en équilibre précaire les uns sur les autres, semblant ainsi défier les lois de la gravité. On a eu ici notre premier incident. On a oublié les clés à l’intérieur du van alors que le verrouillage automatique était actif. Bienheureusement, on a réussi à ouvrir une fenêtre avec l’aide d’australiens qui étaient bien équipés.

Sur la route, vous pouvez vous arrêter déjeuner devant le camping Aileron où d’immenses statues d’aborigènes sont disposées, notamment « the Anmatjere man, woman and child ». Avec seulement 24 000 habitants, Alice Springs reste une petite ville isolée au milieu du désert. Elle propose quelques musées à visiter, un orphelinat de kangourous et de nombreuses galeries d’art Aborigène. Une course de chameaux a aussi lieu chaque année mi-Juillet depuis 1970 dans cette ville, si vous y êtes à cette période. Pour la petite histoire, sachez que l’Australie est le pays où il y a le plus de chameaux en liberté au monde. Ils ont été amenés pour permettre le transport de marchandises dans ces régions désertiques avant l’arrivée des moyens de transports modernes que nous connaissons. Abandonnés, ils ont proliféré à grande échelle et deviennent même une menace maintenant pour la flore locale.

Les MacDonnell Ranges forment une chaîne de montagnes qui s’étend sur 644 km d’est en ouest au centre de l’Australie. Les monts MacDonnell sont coupés en deux par la ville d’Alice Springs. Ils se séparent ainsi pour former deux parcs nationaux, baptisés West MacDonnell et East MacDonnell. Ces sites contiennent plusieurs gorges ainsi que des lieux de haute importance pour les Aborigènes. Nous avons choisi de ne visiter seulement qu’un petit bout des West MacDonnell jusqu’au Standley chasm. Cette partie est accessible via une route goudronnée, la plupart des autres sites sont ensuite accessibles via des chemins non goudronnés. Sur la route, nous avons fait deux arrêts sur les sites de Serpentine Gorge et Standley Chasm. Honnêtement, nous estimons que cela ne vaut pas le coup par rapport à ceux qui vous attend par la suite.

Nous conseillons la Kings Canyon Rim walk qui est une randonnée sublime sous forme de boucle de près de 6 km sur la partie haute du canyon. Prévoir 3 à 4 heures pour faire cette marche avec une pause déjeuner.

Uluru : aussi connu sous le nom d’Ayers Rock, Uluru est un inselberg en grès sacré pour les peuples aborigènes. Il s’élève à 348 mètres au-dessus de la plaine.

Kata Tjuta : les Kata Tjuta ou Monts Olgas constituent un massif de 36 dômes d’arkoses en inselbergs. Le plus grand sommet, le mont Olga, culmine à 1 070 m. Ils se situent à 40 km du campground, prévoyez donc 20 à 30 min pour vous rendre sur le site.

Pour découvrir ce parc national, classé au patrimoine de l’Unesco, nous recommandons d’y rester au moins 3 jours. Vous pouvez dans un premier temps, vous rendre au centre culturel afin d’obtenir toutes les informations nécessaires et en apprendre plus sur la culture aborigène. Ci-dessous une proposition pour vous aider à organiser vos journées :

J1 – Visite du centre culturel + check-in au Campgroung + coucher de soleil à Uluru
J2 – Lever de soleil à Uluru + base Walk + coucher de soleil
J3 – Valley of the winds (Kata Tjuta) + coucher de soleil sur les monts Olgas

Base walk : la “Base Walk” est une marche de 10,6km autour du rocher. Comptez environ 3-4 heures.
Ascension du rocher : ce site est sacré pour la communauté aborigène et nous ne conseillons pas d’effectuer la marche sur le rocher d’Uluru. Elle sera totalement interdite début 2019.
Valley of the Winds : comptez environ 4h pour faire les 7,4km de chemin. Le site est splendide
Lever/coucher de soleil : des zones « sunrise view » et « sunset view » sont à disposition pour admirer Uluru au lever et coucher du soleil. Néanmoins, il est bien plus agréable de voir le coucher du soleil en vous arrêtant au bord de la route 1 km après l’endroit indiqué. Vous pourrez être seul en communion avec le rocher.

La route est très longue jusqu’à Wintinna. Ce jour-là, nous avons croisé par hasard la famille « Envie du monde » sur le parking d’une road house et partagé ensemble le déjeuner. Les « road houses » sont les stations-services de l’Outback. Elles permettent évidemment de faire le plein mais elles sont souvent assez typiques et sont le seul moyen de faire quelques courses sur des kilomètres…

La visite de la ville de Coober pedy, capitale mondiale de production d’opale, ne nous a pas laissé un grand souvenir. Les maisons ont la particularité d’être troglodytes (souterraines et creusées dans la roche) mais les habitants sont plutôt hostiles. Notre seul plaisir a été la visite de l’orphelinat de kangourous. Nous étions frustrés jusque-là de n’avoir vu que des kangourous morts sur le bord de la route… L’arrivée au Lake Hart est par contre grandiose. Cet immense lac de sel, totalement solide lors de notre venue, est à perte de vue et tranche complètement avec les paysages du bush australien.

Ce dernier jour de route vient clôturer notre road-trip dans le centre de l’Australie. Ce voyage, démarré sur les terres orange de l’Outback, s’achève par les somptueuses nuances de rose du lac salé de Bumbunga.

La suite de notre aventure en van continue en direction de Melbourne à travers la célèbre « Great ocean road ».

La découverte de la vie en van dans un territoire aussi grand que le centre rouge australien est un sentiment immense de liberté. Et le fait de de se trouver isolés et livrés à nous-même sur des kilomètres en plein cœur du désert australien est un plaisir étrangement plaisant. Cette sensation agréable contraste cependant avec le malaise ressenti dans le territoire du nord pour la communauté aborigène. Méconnue pour nous avant notre arrivée car peu relayée par les médias occidentaux, il existe dans les villes du nord, une vraie ségrégation entre ces autochtones et le « nouveau peuple » anglo-saxons. La transformation de leurs « habitats naturels » et la privation « partielle » de leurs terres sacrées et ancestrales fait perdre à ce peuple ses repères culturels. Conjugué à leurs fortes addictions au sucre et à l’alcool, cela entraîne un taux de suicide très élevé dans leur communauté. Pour finir sur une note plus optimiste, les sites les plus sacrés semblent maintenant cogérés par une partie de leur communauté et certaines restrictions vont être mises en place pour les protéger. Parmi tous ces trésors du centre rouge, un lieu nous a véritablement hypnotisé pendant près de 5 jours : le rocher sacré de Uluru qui dégage une aura incroyable autour de quiconque ose s’y approcher…

 

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4 comments

Aurélia - Tripinthecity 1 novembre 2018 - 10 h 10 min
Magnifique ! Vos photos font rêver, et j'adore la mise en page du blog :) Hâte de lire la suite de ce voyage en van !
Mandy 7 novembre 2018 - 17 h 07 min
Magnifique ! Ca me replonge dans des souvenirs, j'ai adoré le Northern Territory. Vraiment une région à part (malgré le "malaise" dont vous parlez... :( )
Drey 20 novembre 2018 - 13 h 21 min
Super cet article, avec de très jolie photo :) je suis allée dans le Red Center en août et j'ai vraiment aimé cette partie de l'Australie. Très sauvage, vraiment différent de ce qu'on connait. Comme vous j'ai adoré Uluru et les Kata Jtuta, un site envoûtant ! Je suis d'accord pour les aborigènes, c'est vraiment très triste.
Alexandra - On holidays again 20 novembre 2018 - 18 h 22 min
Notre passage dans l'outback avait dû s'arrêter à Uluru malheureusement, mais déjà là on a bien ressenti à quel point c'est une terre sauvage et "intense". Mais c'est sûr qu'il y a beaucoup plus à y découvrir que Ayers Rock, qui est déjà splendide.
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